« Ah ce qu’on est serré au fond de cette crèche… »

Ce sont plus de 100 « personnels de la petite enfance » qui se sont rassemblées, ont manifesté dans les rues de Chambéry au son de  » Ah ce qu’on est serré au fond de cette crèche chantent les bébés, chantent les bébés … »

A l’appel du Collectif petite enfance de la CGT Savoie qui s’est rassemblé jeudi 23 mai devant la CAF de Chambéry, 9 des 11 structures petites enfances étaient fermées. Des professionnelles de nombreuses autres lieux d’accueil : Cœur de Savoie, mais aussi du département de l’Isère… ainsi que des  parents, dénoncent la casse du Service public de la petite enfance.

Le reportage de TVnet Citoyenne.

Collectif national « Pas de bébé à la consigne » : Lettre aux parents (pétition)

La CGT dénonce des mesures très inquiétantes prévues dans les ordonnances de la loi ESSOC (votée en août 2018).

Les  Administrateurs CGT  se sont exprimés en ces termes devant la CAF 73 :

« Les administrateurs CGT qui siègent au conseil de la CAF Savoie vous saluent chaleureusement et  vous assurent de leur soutien dans l’action qui vous rassemble contre le projet de réforme des modes d’accueil.

Quelques données chiffrées sur la Savoie :

  • Nombre d’enfants de moins de 3 ans ayant besoin d’un mode d’accueil : 14 240
  • Nombre de places d’accueil : 8 340 . Le taux de couverture du besoin est de 58,57 %.
  • 3 323 assistants maternels en 2015 (- 4% par rapport à 2007). 36 RAM.
  • 107 structures collectives d’accueil au total en 2015 dont 7 crèches collectives seulement, 81 multi-accueil, 19 micro-crèches.
  • Une petite analyse de la répartition des places.
  • Sur les 8340 places, 5400 sont gérées par des assistants maternels.
  • 2940 places sont ouvertes en structures collectives privées ou publiques.
  • Et les 5900 enfants restants ? système D ? temps partiels ? Grands-parents ? Familles, Voisins ?…

Pour la CGT, les politiques familiales qui devraient être mises en œuvre devraient être ambitieuses car c’est un investissement pour tous et surtout pour toutes.

Elles doivent permettre aux parents de jeunes enfants de concilier travail et vie de famille et avoir un effet positif sur le développement des capacités des enfants ainsi que sur la cohésion sociale.

L’accueil des enfants ne peut donc être considéré comme une marchandise ! Bien au contraire, l’accueil, les soins, l’entretien et l’éducation des enfants constituent un bien commun, représentent une fonction sociale qui engage l’avenir de la société.

La politique familiale doit encourager et soutenir le travail des femmes quelles que soient leurs responsabilités familiales.

Compte-tenu des enjeux de société induits par les politiques familiales, les administrateurs CGT sont amenés à s’abstenir lorsque des dossiers de subventions pour des RAM, des MAM leur sont présentés. Pour le bien-être et la sécurité des enfants, la CGT considère qu’il serait préférable que le secteur public gère directement les fonds publics et les structures qui accueillent des enfants de moins de 3 ans.

Aujourd’hui il n’y a pratiquement plus de dossiers de demandes d’ouverture de places en crèches collectives publiques déposés à la CAF parce que les collectivités territoriales exsangues financièrement se déchargent sur le privé.

De grands groupes nationaux et internationaux (Kangourou kids, crèche attitude, maison bleue, Babilou pour ne citer qu’eux) se partagent maintenant ce qui est devenu un marché lucratif. Ce qui les intéressent n’est pas la formation de leurs salariés ni l’éducation des enfants pris en charge mais la rentabilité financière de l’entreprise et la distribution de dividendes à leurs actionnaires.

Avec la réforme projetée, cette tendance s’accentuerait.  Au final, les parents paieraient plus, tant pis pour les enfants qui auraient la malchance de naître dans des familles peu fortunées.

Il faut savoir aussi que d’ores et déjà, le CA de la Caisse Nationale d’allocation familiales a voté en début d’année la hausse des tarifs en crèche  malgré l’opposition de la CGT. C’est une économie de 115 millions d’€ d’ici 2022 qui est projetée. La participation familiale augmentera de 0,8% par an soit 3,2 % en 4 ans.

Il faut savoir aussi que l’objectif affiché par le gouvernement d’ouvrir 300 000 places de crèches  est en trompe l’œil. Il n’est assurément pas compatible avec la baisse des dotations des CAF, avec une hausse du fonds de solidarité national d’action sociale limité à 2%. Dans le plan précédent, alors que le FNAS avait augmenté de 4,3 % par an, et que l’ambition était de créer 100 000 places de crèches, seules 32 500 ont vu le jour !

Et pourtant, nous le savons, de l’argent il y en a ! Mais il s’agit avant tout de choix politiques. Il faut choisir entre donner aux 1% des plus riches (cadeaux fiscaux, évasion fiscale, aides publiques aux entreprises sans contre-partie ni contrôle…) ou redistribuer les richesses aux 90 autre %… Les entreprises doivent contribuer à financer la protection sociale qui ne doit pas tirer ses ressources de l’impôt pour que les salariés ne soient pas dessaisi de sa gestion et que le principe de la solidarité s’applique.

Oui, vous professionnels de la petite enfance que vous soyez salariés en crèches publiques ou privées, en EAJE, en micro-crèches, assistants maternels à domicile, vous avez raison de vous mobiliser et de vous unir contre la remise en cause des normes qui aujourd’hui préservent un accueil de qualité, pour la cohérence et un haut niveau de vos formations, contre les dérogations et la mise en place d’un guichet unique qui menacerait encore davantage le rôle de contrôle et d’agrément des PMI.

Dans votre lutte, vous continuerez à trouver à vos côtés les administrateurs CGT de la CAF qui interviennent dans les conseils d’administrations et les commissions pour défendre le respect des normes existantes et le rôle des PMI. »

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