Lundi 2 mars, à l’occasion du dernier Conseil Municipal de la mandature, l’intersyndicale a remis à l’ensemble des élu(e)s une lettre ouverte permettant de faire un point sur l’état des lieux de la politique engagée depuis 6 ans.
Cette mise à plat fait figure de bilan de l’intersyndicale CGT-FO-Sud. C’est aussi l’occasion de faire un lien avec la lettre ouverte de propagande du candidat Dantin, distribuée aux agents en 2014.
Nous la restituons in extenso, ci dessous, bonne lecture :
Lettre ouverte des organisations syndicales de la Ville et du CCAS de Chambéry à la Municipalité
A Chambéry le 2 mars 2020
Monsieur le Maire, Mesdames et messieurs les élu-e-s de la municipalité à
En 2014, dans le cadre de la campagne des élections municipales, vous adressiez une lettre ouverte à l’ensemble du personnel expliquant votre démarche. L’ensemble des organisations syndicales CGT/FO/SUD dresse un état des lieux en 2020 sur les actions menées pendant votre mandat.
Tout d’abord, il est important de rappeler qu’il y a 6 ans Mr Dantin, candidat, utilisait la parole et le mal être des agents à travers les différents témoignages et les lettres ouvertes des organisations syndicales pour faire sa propagande. Six ans plus tard, Mr Dantin, aujourd’hui Maire, met la pression aux agents au travers de notes de services, rappelant le droit de réserve pour les faire taire (ou museler ?). Nous rappelons aux agents qu’ils peuvent s’exprimer librement à travers leurs syndicats. Ainsi, nous répondons sur plusieurs points à partir d’extraits de votre courrier de 2014.
« Cette démarche n’est pas une réaction aux rumeurs simplistes distillées concernant les méthodes de Mr Dantin sur les suppressions de postes et de services »
Certains services ont été mutualisés avec grand Chambéry (communication, informatique), d’autres sont gérés par le privé à travers les délégations de service public (crématorium, cimetière, parkings souterrains et de surface, …) avec comme conséquences l’augmentation des tarifs pour les usagers. Plusieurs services ou structures ont été supprimés : le service maçonnerie, la mairie de quartier des lauriers, l’école Pablo Neruda, le démantèlement de la crèche familiale, les foyers logement pour personnes âgées (François Boyer, Charmilles 1)… Vous condamnez la Résidence Sociale les Epinettes (plus grande résidence sociale de France), en vous désengageant de sa gestion. Vous avez aussi transféré certaines missions au privé comme à la MDA.
Dans les services en lien direct avec le public, vous avez supprimé 16 postes d’Atsem, 30 postes d’aides à domicile et 31 postes d’ASMAT.
Le constat est clair entre 2014 et 2019 : 316 agents titulaires en moins (- 20 agents en catégorie A, – 32 agents en catégorie B, – 264 agents en catégorie C), et dans le même temps une augmentation de 188 contractuels supplémentaires. Vous avez donc supprimé des postes de titulaires et recruté un nombre important de contractuels. Ces manœuvres fragilisent les services et installent un climat anxiogène pour l‘avenir.
« Nous aurons une réflexion responsable pour une stratégie des Ressources Humaines qui ne niera pas les réalités économiques, mais surtout humaines (évolution professionnelle, sécurisation des parcours, bien-être au travail, reclassement… »
Vous avez en effet appliqué une certaine stratégie des Ressources Humaines.
On constate une hausse des mutations, des mobilités, ainsi qu’une hausse des départs « volontaires ».
Les propositions de reclassement sont rares mais les licenciements pour inaptitudes professionnelles sont en nette augmentation. Il en va de même pour les procédures disciplinaires.
Notre demande de ratios à 100% est refusée depuis le début, et vous avez même été jusqu’à économiser 200 000 € sur le dos des agents en n’appliquant pas la rétroactivité de 6 mois sur les promotions 2018.
« Nous souhaitons remettre l’humain au cœur des politiques pour mobiliser les talents individuels au service de la réussite collective»
Nous ne pouvons nier que dans certaines réorganisations, des agents ont trouvé leur place dans le service. Il faut préciser que la collectivité a mis des centaines de milliers d’euros de cabinets privés pour les aider dans ce travail.
Mais dans le même temps, combien de mobilités forcées à l’initiative de l’employeur, combien d’agents en épuisement professionnelcontraints d’accepter des postes pour ne pas sombrer ?
Certains cadres sont forcés d’accepter des projets qu’ils ne valident pas. Cette politique a favorisé l’augmentation des arrêts de travail de longue durée mais a aussi causé le drame que nous avons connu avec le suicide d’un agent.
« Mise en place d’une charte des élus pour définir de façon précise les modalités de gouvernance»
Nous n’avons pas vu passer de charte. Il est, par ailleurs, difficile d’expliquer certains passe-droits comme, par exemple, certains choix ou non choix de recrutements.
Sur les prêts de matériel, certaines associations l’ont à titre gracieux, pour d’autres cela est payant, sans qu’il y ait d’explication claire.
« Un projet de service participatif et fédérateur »
Concernant votre passage en force aux 37 heures, ce projet était tellement « fédérateur » que 400 agents ont envahi le Comité technique et poursuivi les élus qui, toute la matinée, jouaient à cache-cache pour tenir le comité technique sans les représentants du personnel … du jamais vu !
Sans parler des deux mois de mobilisation des Atsems pour maintenir de bonnes conditions de travail, mais aussi un service public de qualité auprès des enfants.
« Cela passera notamment par la réalisation d’un diagnosticRPS »
Pour les organisations syndicales, la cellule « Réactiv » est en surchauffe.
L’absentéisme est tellement important que la collectivité est obligée de créer un groupe travail sur le sujet.
En parallèle, des sanctions pécuniaires impactent les agents malades (jour de carence, primes amputées, pas de promotion, …). Il y a de plus en plus de mises en retraite pour inaptitude.
Suffit-il de se donner bonne conscience en soutenant « Odyssea », et ensuite ne pas accompagner dignement des agents en rémission, voire les pousser vers la sortie ?
Après plusieurs demandes ignorées, les représentants du personnel ont été contraints de convoquer un CHSCT extraordinaire pour forcer la collectivité à valider une fiche d’impact sur les RPS dans le cadre de réorganisations de services.
Les diagnostics RPS, menés à grands frais par des cabinets privés, doivent aboutir à des plans d’actions.
Or, souvent, ce n’est pas le cas, ce qui engendre encore plus de malaise et aggrave la situation.
« Nous nous appuierons sur les instances paritaires (CHSCT –CTP ) pour se doter d’une gouvernance concertée »
Avec l’élue en charge du personnel, qui ignore le sens du mot « négociation », le dialogue social est systématiquement bafoué, ce qui a débouché sur plusieurs préavis de grève de 6 mois.
Au vu du refus d’écoute et de dialogue, les représentants du personnel ont été souvent contraints de boycotter les instances paritaires, pour tenter de faire réagir les élus.
On ne compte plus les CT-CHSCT extraordinaires, ni les saisines au Tribunal Administratif en cours, demandés par les syndicats, tellement la « gouvernance est concertée »…
« Nombreux sont les agents qui nous ont fait part de leur mal-être, confirmés par les lettres ouvertes des syndicats ou des interventions au conseil municipal »
Avant votre mandat, les lettres ouvertes syndicales étaient prises en compte. Mais depuis que vous êtes maire, elles sont rejetées et/ou ignorées.
Vous mettez en avant les interventions des syndicats aux réunions du conseil municipal.
A noter que depuis que vous êtes aux affaires, il faut prendre un ticket pour se présenter au conseil Municipal tellement il y a de contestations.
De plus, lorsque le mécontentement des agents se fait trop insistant, vous n’hésitez pas à utiliser la répression pour faire taire les désaccords. Vous pouvez vous vanter d’être le Maire qui a fait intervenir le plus de fois la police au conseil municipal.
« Nous repositionnerons le rôle des agents auprès des citoyens et dans les services »
Certes, la collectivité a mis en avant, à travers différents supports de communication, les métiers exercés par les agents de la ville. Nous n’avons aucun doute sur les moyens consacrés par la Ville à sa communication. Là, on voit se multiplier les recrutements, quand d’autres services sont en sous-effectif.
Au final, votre beau projet a fait long feu et, de l’avis général, les agents, les équipes et les services sont aujourd’hui bien loin d’avoir vu vos promesses se concrétiser, bien au contraire.
Pour les organisations syndicales
CGT FO SUD