Depuis le 21 juillet, il est exigé pour accéder aux services des bibliothèques municipales.

Censé « accompagner les Français au retour à une vie normale tout en minimisant les risques de contamination », ce dispositif est une véritable machine à discriminer les usagers et les agents. Un formidable outil de division, qui tel un rouleau compresseur crée un malaise supplémentaire, là où les conditions de travail étaient déjà bien compliquées depuis 18 mois.

Les usagers selon le motif de leur venue sont tenus (ou pas) de présenter leur pass pour accéder au bâtiment bibliothèque.

Trois exemples parmi d’autres…

Un enseignant qui vient avec sa classe pour une visite d’exposition ou tout autre animation, n’est pas tenu de présenter son pass mais s’il vient à titre individuel, il devra montrer patte blanche. Dans les deux cas, il sera accueilli dans les espaces publics.

Un agent qui travaille dans les bibliothèques devra avoir son pass sanitaire pour venir travailler, mais s’il vient sur son temps libre, comme accompagnateur des élèves de la classe de son enfant, il pourra entrer dans le bâtiment sans présenter son pass.

Le pass ne sera pas demandé à un chercheur qui a besoin de documentation, mais il sera demandé à un demandeur d’emploi qui a besoin d’un ordinateur et d’internet, pour ses démarches administratives.

Les exemples d’exceptions fleurissent, tout simplement parce que cette loi est impossible à appliquer de manière égalitaire. Elle est absurde d’un point de vue sanitaire (les gestes barrières sont toujours exigés et fonctionnent). Elle rebute ou même révolte, les personnes qui se vaccineraient si elles ne se sentaient pas acculées à le faire. Elle est une atteinte à nos libertés fondamentales.

Et la vaccination dans tout cela ? Nous atteignons les 81% de personnes vaccinées, est-il nécessaire de s’acharner sur l’application d’un pass sanitaire pour l’accès aux services publics élémentaires, comme la bibliothèque ?

La vaccination nous protège de la maladie à condition de respecter les gestes barrières. Le pass nous fait oublier cela et apparaît comme le droit à … consommer en terrasse, faire la fête… venir à la bibliothèque… Dans les faits, depuis l’application du pass sanitaire, les usagers n’ont pas repris le chemin de la bibliothèque, au contraire, la fréquentation est très en dessous de ce qu’elle pourrait-être. Cela inquiète les professionnel-les.

Pourtant, les bibliothèques de Chambéry, service de la culture pour le plus grand nombre, ont su s’organiser et s’adapter depuis 18 mois pour garantir, même en mode dégradé, l’accès à la lecture et à l’information.

Non, le pass sanitaire n’accompagne pas « les Français au retour à une vie normale ».

Il divise et nous fait (peut-être) oublier les réformes libérales toujours à l’ordre du jour : retraites, allocations chômage…

Il nous soumet à une forme d’obéissance aveugle, à un moment où l’actualité sociale nous rattrape.